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Parmi les marcheurs fidèles, il y a des peintres, des photographes, des écrivains, des "écrivants", des conteurs, des musiciens, des sculpteurs, etc  ... bref des artistes de tout bord.

Voici un texte de Michèle Dessicy, une marcheuse du Groupe Sentiers (depuis très longtemps) :
C'est un clin d'oeil aux guides !


Trompe MiMi

Il était parti tôt le matin pour préparer un itinéraire qu'il devait guider le mois prochain.

Se retrouver seul avec sa carte géographique sous pochette accrochée à son cou.

Un petit sac à dos avec ce qu'il avait besoin pour boire et grignoter !

Il devait repérer un agréable lieu de pique-nique, un sympa petit bistrot pour la fin de la randonnée, chose devenue rare de nos jours.

L'église, la petite école et le café du village, ce n'est plus très fréquent dans le Brabant Wallon.

Surtout ne pas se tromper de chemin quand il sera accompagné du petit groupe de participants qui sera de sortie en confiance d'être accompagné d'un connaisseur.

Pourtant, se tromper fait partie du jeu dans les expéditions.

Il avait de la chance pendant son parcours en solitaire.

Sa marche silencieuse dans le jour qui se levait, les traversées dans des sentiers herbacés, qu'il élaguait avec son petit sécateur de poche. Quelques rencontres d’écureuils et de chants d'oiseaux, des traces de passage d'une biche.

Il appréciait pourtant le rassemblement joyeux de la fête qui l'accueillait dans le premier village qu'il devait rencontrer.

Le folklore de ce patelin d'humains, était une démonstration d'instruments de tous les genres et toutes les époques que le public pouvait découvrir à différents endroits.

L'accordéon, la contrebasse, le violon, le cor de chasse, la flûte traversière, et la flûte à bec, les tambourins, la trompe d’Orléans, la guitare, et des voix humaines.

Aucun baffle, ni rallonges électriques mais en symbiose aux sons de la nature.

Quelle belle ambiance !

Une personne parlant dans son patois wallon, était installée devant une table.

Elle jouait à l'animatrice de la musique verte.

Elle donnait aux enfants de jolis paniers qu'ils devaient remplir d'une cueillette en restant dans les chemins aux alentours et ramener des morceaux de bois, de feuilles, de plumes, de pierrettes.

Ils revenaient très fiers avec une collecte d'objets hétéroclites.

L'animatrice montrait ce qu'on pouvait faire comme instrument avec ce qu'on trouve à ses pieds en se promenant.

Elle avait sur sa table pliante, des élastiques, de la ficelle, un opinel, du papier ponce et toute souriante elle menait sa barque en montrant ce qu'on pouvait fabriquer avec le ramassage des visiteurs. Elle avait aussi rapporté de chez elle des bâtons de bambou, une assiette de coquilles de moules bien nettoyées.

A côté d'elle de longues herbes lui chatouillaient les jambes, soudain, dans un mouvement de sa main, en arrache une, la tend entre ses deux pouces, pose ses lèvres en cul de poule et en sort un sifflement perçant!

Cette fête avait retardé le randonneur, et d'ailleurs en partant tôt le matin, il avait pensé qu'il pouvait se trouver devant l'imprévu.

Il était bien conscient qu'il fallait se donner des marges.

Dans la joie et la bonne humeur il continua sa traversée.

C'est dans une clairière entourée de troncs d'arbres déposés, qu'il avait pensé que ce serait l'endroit idéal pour le pique-nique.

En espérant qu'entre temps ils ne soient pas embarqués dans le camion du propriétaire.

Quand à lui, il ne s'arrêta pas, il voulait continuer son périple tout en mangeant quelques fruits secs.

Le cadre lui plaisait tellement qu'il ne se rendit pas compte qu'il s'éloignait du sentier prévu.

Dans son euphorie d'être dans un vent léger et agréable, ses pas le menaient dans un état d'extase.

C'est en arrivant au village de Boutessart qu'il ouvrit sa carte.

« Merde ! Je me trompe » pensa t-il !

« AU SANS PEUR »

La plaque se trouvait au dessus d'une porte en bois, l'entrée d'une maison sur un coin, non loin de l'église.

C'était jadis le bistrot du coin sur un coin !

Sur le sol du parking pour les voitures, on voyait encore des marques blanches destinées à des anciens jeux de boules en bois.

Non loin, une école et son préau au fond d'une cour.

A l'arrière du bâtiment un espace jardin entouré de grands arbres.

Cela faisait plaisir à voir qu'elle était toujours en activité vu les signalisations aux alentours et les objets scolaires oubliés sur les marches.

Il faudra qu'il fasse un calcul pour quand il guidera son groupe de randonneurs.

Il ne pouvait pas dépasser 20km et il venait de faire 5 km dans la mauvaise direction.

Le vent se levait mais le ciel restait bien bleu.

Il parvint à couper sa route de façon à retrouver le chemin qu'il devra prendre le mois

prochain.

Il n'était pas découragé et semblait bien satisfait de cette journée fantasque.

Il apprit plus tard l'ouverture et la reprise du bistrot ce qui lui donna l'idée de revoir

son parcours.

Peut-être, il prendra le risque de se tromper à la date prévue pour la sortie des

valeureux randonneurs inscrits. 

Septembre 2024